Ottawa, Ontario - Elemer Jerkovits a passé une grande partie de sa vie à appeler des prises et des balles sur les terrains de baseball de la Saskatchewan. L'homme de 47 ans qui est né à Regina a passé 35 ans de sa vie soit derrière le marbre soit de faction près d'un but à donner son temps à un sport qu'il adore.
Intialement, c'est comme joueur qu'il a aimé le baseball. Ce n'est que suite à une blessure qu'il porte son attention sur un autre aspect de son sport, soit l'arbitrage.
« En 1976, à la fin de la saison de hockey, je me suis fracturé un bras et avec un plâtre, évidemment je n'ai pas pu entreprendre ma saison de baseball », d'expliquer Jerkovits qui oeuvre en qualité d’assureur de propriété commerciale en Saskatchewan. « J'ai donc décidé de tenter l'expérience de l'arbitrage... et depuis je n'ai jamais arrêté. »
En 1989, il décide d'améliorer ses connaissances et ses techniques d'arbitrage pour avoir la chance d'officier des matchs de baseball de plus haut calibre. Il se lance dans le programme de formation des arbitres et obtient sa certification d'arbitre de niveau 4, ce qui lui permet d'oeuvrer dans un premier championnat national, soit le championnat canadien senior de 1996, une compétition qui se tient tout près de chez lui à Saskatoon.
En juillet 2010, Jerkovits a vécu l'expérience de sa vie en arbitrage, quand il a été appelé à travailler à Tokyo, au Japon, lors du Championnat mondial de baseball universitaire. Pour ce tournoi, il a été sélectionné pour représenter le pays par le comité des arbitres de Baseball Canada, et ce, lors du congrès tenu à l'automne 2009.
Jerkovits était le seul arbitre canadien à participer à cette compétition. Il était d'un groupe composé de onze Japonais, d'un Américain, d'un Coréen, d'un Sri Lankais, d'un Chinois et d'un Taïwanais. Avec des officiels provenant d'autant de pays, on pourrait imaginer plusieurs problèmes de communications, mais selon Jerkovits, leur travail n'a jamais été problématique à ce chapitre.
« La plupart des arbitres se débrouillaient en anglais, mais de toute façon, sur le terrain, nos positions et nos gestes sont les mêmes, peu importe la langue. »
Jerkovits a eu la chance de travailler dans sept parties lors du championnat, dont deux matchs derrière le marbre. Pour ses autres affectations, il a fait le tour des buts. Jerkovits a également été appelé à remplacer un de ses confrères à la plaque alors que celui-ci a été victime d'un coup de chaleur, car au Japon, lors du championnat, la température était particulièrement chaude.
Et Jerkovits a reçu un honneur de taille étant choisi pour officier au premier sac lors du match de la médaille d'or, une rencontre passionnante qui a nécessité une manche supplémentaire pour faire un gagnant entre de très grands rivaux : les États-Unis et Cuba! En fin de dixième manche, la troupe cubaine a signé un gain par trois points alors qu'un de ses frappeurs a claqué la longue balle. Jerkovits a mentionné qu'arbitrer un match avec une telle ambiance où l'issu est la médaille d'or d'un championnat international avait été passionnant.
« J'ai eu à appeler une bonne demi-douzaine de décisions au premier but », a précisé Jerkovits. « Le match était sous haute tension, je me suis tenu sur le bout des orteils durant toute la rencontre. »
Un autre des grands souvenirs que rapporte Jerkovits de son match de la médaille d'or est d'avoir assisté, lors des cérémonies d'avant match, à un hommage rendu au roi des coups de circuit du baseball au Japon, Sadaharu Oh. Jerkovits et plusieurs autres arbitres ont eu la chance de poser pour la postérité avec la légende du baseball asiatique.
« Et Sadaharu Oh a pris grand plaisir à faire cette photo, car après avoir été immortalisé, il a serré la main à tous les arbitres en les remerciant », a ajouté Jerkovits. « Je me suis demandé pourquoi, il nous remerciait, c'est nous qui devions le remercier. »
Mais déjà avant ce championnat mondial, la carrière d'arbitre de Jerkovits comptait nombre d'autres championnats, dont trois championnats canadiens de la division senior et quatre tournois de la Coupe Baseball Canada. D'ailleurs, lors de cette grande compétition pan canadienne de 2008, tenue à Medicine Hat, il a été au marbre lors de la grande finale.
« Je ne sais pas combien de temps il me reste à arbitrer. J'évalue la situation année après année, non pas parce que je n'ai plus de plaisir au contraire, mais bien parce que je dois m'assurer qu'il n'y ait pas de conflit avec ma situation personnelle et professionnelle. »
Jerkovits souhaite également participer à la formation des jeunes arbitres dans le futur. Il voudrait que ceux-ci puissent profiter de son expérience et il souhaiterait leur expliquer comment son apprentissage de cette profession a été pour lui une grande expérience.
« Nous avons beaucoup de travail à réaliser, chez nous à Regina, pour développer nos jeunes arbitres », affirme Jerkovits. « Non seulement pour arriver à les améliorer, mais aussi pour en augmenter le nombre. »
Échanger avec les jeunes arbitres sur nos expériences, notre vécu en tant qu'officiel et nos méthodes d'entraînement est tellement important pour leur développement et pour maintenir leur intérêt dans la profession. C'est pourquoi Jerkovits prend du temps pour arbitrer avec de très jeunes arbitres des matchs des divisions moustiques et pee-wee, alors que ce sont eux qui sont d'office au marbre. C'est pour lui une chance unique de replonger dans ses premiers pas en tant qu'arbitre.
« Si vous aimez vraiment le baseball et si vous êtes ouvert à tous les aspects de votre sport, arbitrer est une fort belle façon de participer au jeu. »
