Tampa, Floride – La très forte croissance du baseball féminin en Europe ne pourrait survenir à un meilleur moment, et ce, parce que ce sport est de plus en plus présent sur la scène internationale.
Ce n’est qu’en 2004 que la première équipe de baseball féminin est formée aux États-Unis. Mais depuis, le succès de la campagne de la Fédération internationale de baseball (IBAF) pour populariser le baseball féminin partout dans le monde a fait exploser le nombre de filles pratiquant ce sport. Conséquence de cette situation, une demande a été déposée auprès du Comité international olympique afin que le baseball féminin soit inclus aux Jeux olympiques.
Pour l’heure, plus de 30 des 128 fédérations membres de l’IBAF présentent du baseball strictement réservé aux filles et l’intérêt continue à croître.
Alexandre Ratner, qui est deuxième vice-président de la Confédération de baseball européen (CEB) est emballé par la croissance de ce sport : « Il y a sept équipes provenant d’Europe qui vont prendre part au prochain tournoi de la Coupe du monde de baseball en 2010, une compétition qui va regrouper pas moins de 22 formations. Le fait que la Coupe du monde de baseball soit présente dans sept pays européens est un outil de promotion formidable pour le baseball féminin sur ce continent. »
Le baseball est un des sept sports qui sont actuellement en compétition pour être considéré comme discipline olympique lors des Jeux de 2016. La demande initiale de l’IBAF visait à réintégrer le baseball masculin comme discipline olympique, mais depuis, on a ajouté à la demande l’inclusion du baseball féminin en plus du baseball masculin.
Le président de l’IBAF, Harvey Schiller, explique pourquoi la demande a été modifiée : « La croissance du baseball féminin dans les pays où le baseball était déjà populaire est phénoménale. De plus, plusieurs fédérations nous ont fait part de leur désir d’augmenter le nombre de filles jouant au baseball. C’est ce qui nous a amenés à modifier notre demande. »
« Nous avons démontré que le baseball est un sport pour tous. Nous croyons que l’ajout du baseball féminin comme discipline lors des Jeux olympiques confirmerait l’importance de ce sport. »
En raison de la croissance rapide du baseball féminin, les fédérations de baseball peuvent maintenant offrir aux filles de continuer à jouer au baseball même lorsqu’elles sont plus âgées. Cela met fin à l’exode des filles vers la balle-molle, parce que le baseball ne leur offrait plus de possibilité de poursuivre leur carrière.
Une étude effectuée par Little League Baseball et par la CEB démontre une augmentation du taux d’inscriptions de plus de 10 pour cent chez les garçons et les filles qui jouent au baseball sur le continent européen.
Des personnalités impliquées dans le monde du sport féminin comme Donna Lopiano, Sandra Monteiro et André Lachance n’ont aucun doute sur le puissant impact que peut avoir la croissance du baseball féminin sur le sport.
Monsieur Lachance, qui est gérant des opérations baseball à Baseball Canada et qui est également entraîneur-chef de l’équipe nationale féminine canadienne, a découvert tout le potentiel de joueurs de baseball qu’il y a en Europe lors d’un récent séjour de huit jours qui l’a amené à visiter la France, la Belgique, l’Angleterre, la Suède et le Portugal. Il a mentionné : « J’ai travaillé avec les représentants de chacun de ces pays au développement du baseball. Je les ai encouragés à développer leurs propres programmes. Nous devons les aider en leur donnant des outils de développement afin qu’ils puissent promouvoir eux-mêmes ce sport ».
« Dans certains de ces pays, il y a des gens qui n’ont jamais vu du baseball de haut niveau. Je leur ai présenté un extrait vidéo d’un match de l’équipe nationale féminine du Canada pour la médaille d’or : ils ont été très impressionnés. Ils ont les joueurs et le talent. Il faut seulement qu’il développe leurs athlètes talentueux et pour cela il faut des gens expérimentés pour les guider. »
« C’est en partie une question d’administration et en partie une question pour eux de prendre conscience de leurs possibilités ».
Comprendre l’importance de ce sujet, explique Lachance, est crucial pour aider la croissance du baseball parmi les différentes cultures sportives. Et il ajoute : « Quand nous regardons en France par exemple, ils offrent du baseball féminin jusqu’à l’âge de 15 ou 16 ans seulement. Nous avons tenu des discussions avec eux pour qu’ils permettent aux filles de jouer plus longtemps. Cela peut créer plus d’intérêt pour notre sport si on évite que les joueuses quittent pour pratiquer un autre sport. »
Il précise de plus : « Le baseball féminin a toujours été pratiqué, mais la promotion de ce sport n’a jamais été aussi agressive que maintenant. L’intérêt est là et avec l’augmentation continuelle de la demande, le sport ne peut que grandir. »
La hausse de l’effectif devrait se poursuive dans l’avenir
André Lachance croit qu’une des forces du baseball est le peu de différences dans les règles de jeu entre le baseball masculin et féminin. Il fait remarquer : « Les règlements et les dimensions du terrain sont identiques. La seule différence est le bâton. Chez les filles, le bâton d’aluminium est permis, alors que chez les hommes on s’en tient au bâton de bois. Ce n’est qu’une question de force et de puissance. »
Une foule de plus de 11 000 spectateurs a assisté au match où le Japon a gagné la Coupe du monde de baseball féminin l’année dernière. Lachance croit que le niveau de compétition va continuer de progresser étant donné que des pays européens comme les Pays-Bas et l’Italie travaillent à développer un programme de baseball féminin.
Il enchaîne : « De plus, si des pays comme Cuba, la République dominicaine, Porto Rico et le Venezuela se joignent au mouvement, ce sera excellent. Mais dans ces pays, il y a une question d’argent qu’il ne faut pas négliger. Ils ont la culture du sport, il ne leur manque que les outils pour le développer. »
Au Portugal, Lachance a rencontré Sandra Monteiro, la première femme à être présidente d’une fédération nationale de baseball.
Madame Monteiro croit qu’ouvrir la porte du baseball lors des Jeux olympiques va offrir à sa fédération une plate-forme parfaite pour la croissance de son sport. Cela amènera également des possibilités intéressantes de financement, car le gouvernement encouragera alors les programmes pour les jeunes dans les écoles. Elle consacre beaucoup d’énergie à la promotion du baseball dans les programmes d’éducation physique de son pays.
La présidente aimerait que l’on parle plus des succès du baseball dans son pays. Elle souligne :« Le baseball est très bien reçu dans les écoles portugaises et les jeunes ont beaucoup d’intérêt à s’initier à ce sport, car pour eux le baseball est un nouveau sport excitant. »
Madame Donna Lopiano a été nommée, en avril dernier, à titre de présidente du comité du baseball féminin de l’IBAF. Cette dernière est la présidente de Sports Management Resources, une firme de consultants en éducation sportive. Elle est également l’ex-présidente du Women’s Sports Foundation.
Celle-ci mentionne : « J’ai consacré une partie de ma vie à tenter de faciliter l’accès aux sports aux filles, quelque soit le sport!. » Elle précise que pour elle c’est la mission personnelle qu’elle a donnée à sa vie.
« Mon but dans la vie quand j’étais enfant, était de devenir lanceur pour les Yankees de New York. Puis, dans les années 1950, quand j’ai voulu m’inscrire dans les “Little League”, on m’a répondu que les filles ne pouvaient pas jouer au baseball. Aujourd’hui, les choses ont changé. Mais, si je peux contribuer à ce que les rêves de n’importe quelle jeune fille qui aime le baseball se réalisent, et bien je serai honoré de le faire ».
La nomination d’une personne comme madame Lopiano au sein de l’IBAF était prévue depuis trois ans déjà dans le document Plan for the Future of Baseball 2007-2015. Un des objectifs qu’on y trouvait était d’établir des programmes de baseball féminin partout dans le monde et de voir à recruter des femmes dans tous les aspects du sport et de la structure de l’IBAF ».
Un an plus tard, en 2008, madame Lopiano représentait l’IBAF à la Conférence des sports féminins tenue en Jordanie, où les membres ont résolu d’apporter leur soutien complet au développement du baseball féminin partout au monde.
Madame Lopiano prend la peine de préciser : « Je ne me serais pas impliquée dans ce projet si je n’avais pas cru en l’initiative de l’IBAF. C’est sérieux et nous nous impliquons pour longtemps. »
« Nos fédérations membres sont très intéressées par le baseball féminin et nous avons besoin de les écouter pour connaître précisément leurs besoins. Dans tel pays, ils ont besoin des équipements de base, dans d’autres pays, c’est plutôt la formation des entraîneurs et des officiels qui fait défaut. »
Notre plan stratégique prévoit l’implantation de programme de baseball féminin pour les 13 ans et moins et pour les 16 ans et moins dans 20 pays chaque année. De cette façon, tous les membres de l’IBAF auront des programmes de baseball féminin solides d’ici 2015.
André Lachance, tout comme Donna Lopiano n’a aucun doute quant aux succès de cette initiative. Lachance prend son propre cas en exemple : « Quand on m’a offert d'être l’entraîneur-chef de l’équipe nationale féminine, j’ai répondu que je ne souhaitais pas vraiment entraîner des filles, mais maintenant que j’ai travaillé avec elles, je ne retournerais pas entraîner des garçons. »
« Toutes les filles ont un désir profond de devenir des professionnelles. Une telle mentalité m’amène à apprécier grandement travailler avec elles. Elles sont des personnes qui donnent le ton, qui foncent dans ce nouveau territoire. »
« Et c’est très excitant de constater leur progrès! »
